Apprends moi à danser {Solo}

Sous un dôme vitré, sur le carrelage de damiers, tel un grand jeu d'échec, se tenait, au centre, une jeune demoiselle piégée dans cette prison de verre. Dans un coin de la pièce, un piano à queue regardait en sa direction, un peu las du spectacle qu'il avait déjà vu mainte fois jusqu'alors... Vers l'entrée de la pièce, une grande porte de bois ouvrait vers le reste de la bâtisse. A sa gauche, une petite table en fer forgée circulaire était entourée de deux chaises de la même matière qui attendaient l'heure du thé avec impatience.



Fantastique. C'était tout simplement FAN-TAS-TIQUE! Mon précepteur de danse venait de partir furieux hors de la grande baie vitrée, claquant la porte pour signifier son départ définitif. C'était le troisième en quatre ans. Je retenais mes larmes tant bien que mal, évitant de partir en crise. Était-ce ma faute si je n'étais aucunement souple et que ma posture ressemblait à celle d'un ours mal léché?

❝ Vous êtes une piètre danseuse et vous ne faites aucun effort! Je démissionne! ❞

Les mots résonnaient. Oui j'étais mauvaise, je lui accordais. Sans nul doute je devais être la pire des pires! Et bien sûr que je n'apprenais pas mes leçons avec gaieté de cœur vu qu'on me répétait sans cesse que ce n'était pas mon domaine. Ce n'était pourtant pas faute d'essayer encore et encore. J'enrageais intérieurement. J'étais triste. Triste de ne pas comprendre les dessous de la danse. Triste de ne pas avoir la bonne posture. Triste de ne pas comprendre pourquoi je n'y arrivais pas.

Il sonna seize heures, heure du thé. Le son raisonna dans l'ensemble de la salle me laissant là, pièce centrale de cet échiquier. La porte s'ouvrit, laissant apparaître Yuè qui m'apportait sur un plateau d'argent la petite théière et sa tasse assortie. La boisson serait sans doute, comme depuis deux mois maintenant, trop amère à mon goût mais que je la boirais quand même. J'étais incapable de savoir s'il le faisait exprès ou si ce n'était clairement pas sa tasse de... de thé... sans mauvais jeu de mot mais cela me rappelait ma chère amie perdue -elle était aussi peu douée que lui pour servir et concocter mes infusions-.

J'allai m'asseoir à la petite table arrondie, soufflant. Un peu décontenancée par ce que j'avais encore réussi à rater. Au moins, mon muet ne me dirait pas que j'avais encore fait fuir un de mes précepteur, c'était là un certain réconfort. Je m'installai, attendant qu'il verse sa décoction.

Quant il eut fini, il sortit de la pièce, me laissant seule face à cette tasse et cette pièce trop vide... Je soufflai puis prit une gorgée de ma boisson. Il fallait que je retrouve un nouveau professeur rapidement... Ce ne serait pas chose aisée...