Monde vivant n°1 : L'armistice {Terminé}

Respiration éclatée, regard fuyant, front brûlant. L’Ermite avait espéré que les symptômes qui l’accablaient passeraient d’eux-mêmes. Qu’ils finiraient tôt ou tard par la laisser en paix. Mais non. Elle s’écroule, tour charnue promise à l’oublie une fois son trépas franchit ; animal de bataille que l’on aurait aucun mal à remplacer. Sa conscience s’amenuit à mesure qu’elle sent sa température augmenter toujours plus. Et la silhouette tout près d’elle ne paraissait pas en meilleure état. Elle avait presque espérer pouvoir lui parler. Il lui semblait familier.

« Ow… ain… ? » Mais cet effort agrippe le peu de ressources restant à sa gorge. Bien vite la pièce est envahie de nouvelles présences, l’Ermite sent du vent sur sa peau, agréable sensation après cette perdition dans l’étouffement. C’est avec grande peine qu’elle reconnait Hyppolite. Le Soleil.
Ce n’est plus le même contact que tout à l’heure, cependant. Car si la nymphe d’acide frissonne toujours à être si proche d’un tiers, il n’est plus possible pour elle de se débattre. Elle ne peut que se laisser porter, guider, emmener au loin. Telle sa conscience marquée par la guerre.

Ce qu’elle perçoit n’est qu’ombres dansantes dans un flou des plus total. Sa lutte pour rester consciente ne se fait que plus complexe à mesure que les minutes passent. Et sa gorge, finalement, la condamne à l’étranglement.

Lutter. Se relever. Ne jamais reculer. Se battre jusqu’à la toute fin. Vivre. Tuer. C’était la normalité suivit par Trudi et ses camarades, du temps où l’armée d’Aziel était leur seul point d’ancrage. Ces ordres-ci rythmaient son quotidien, sa vie, son existence. L’infini. Ces paroles-là étaient celles du messie pour Trudi. Et la voix d’Harper Wellington résonnait encore dans les tréfonds de son âme, de son esprit malmené.

Désormais plus de place pour la pure réalité.

Ses yeux menaçaient de la lâcher d’une minute à l’autre. Déjà les silhouettes ombragées la terrifiaient, l’empêchaient de se concentrer sur le calme olympien qu’elle aura aimé rejoindre. Sa gorge entravée l’enjoignait à abandonner son humanité pour un instant. Peut-être son passé de chienne de guerre saurait la sauver, la tirer de ce mauvais pas. Pour qu’elle puisse lutter. Se relever. Ne jamais reculer. Se battre jusqu’à la toute fin. Vivre. Tuer.

L’Ermite refit donc surface, chaque battement de cœur contrarié rendant cette entité plus forte que jamais.

Cambrant son dos comme pour se dégager de l’étreinte qu’elle ne parvenait plus à identifier, elle siffla entre ses dents et tendit les paumes. C’est là qu’entre ses doigts s’écoulèrent des monceaux d’une pâte corrosive ; laquelle une fois tombée sur le sol, s’affairait à tout dissoudre à toute allure dans un crissement perceptible.